Page:Michelet - La femme.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

solerait, s’il osait. Il voit bien qu’en cet état désolé, où la petite n’a jamais un mot de douceur, elle est d’avance à celui qui lui montrerait un peu d’amitié. L’occasion en vient bientôt, madame étant à la campagne. La résistance n’est pas grande. C’est son maître, et il est fort. La voilà enceinte. Grand orage. Le mari, honteux, baisse les épaules. Elle est chassée, et sans pain, sur le pavé, en attendant qu’elle puisse accoucher à l’hôpital. (Histoire presque invariable, voyez les confessions recueillies par les médecins).

Quelle sera sa vie, grand Dieu ! que de combats ! que de peines, si elle a tant de bon cœur, de courage, qu’elle veuille élever son enfant !




Voyons la condition de la femme ainsi chargée, et encore dans des conditions relativement favorables.

Une jeune veuve protestante, de mœurs très-austères, laborieuse, économe, sobre, exemplaire en tout sens, encore agréable, malgré tout ce qu’elle a souffert, demeure derrière l’Hôtel-Dieu, dans une rue malsaine, plus bas que le quai. Elle a un enfant maladif, qui va toujours à l’école, re-