Page:Michelet - La femme.djvu/350

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

celui de la violence, la fascination de la crainte.

Les femmes, par toute l’Asie (on peut dire presque par toute la terre), sont traitées comme des enfants. Mais il faut considérer qu’excepté dans notre Europe, elles sont mariées enfants, dans les pays chauds à douze ans, à dix ans, et même, dans l’Inde, quelquefois à huit. Le mari d’une femme de huit ans est obligé d’être son père, en quelque sorte, son maître, pour la former. De là la contradiction apparente des lois indiennes qui, d’une part, défendent de frapper la femme, et ailleurs permettent de la corriger « comme un petit écolier. » Elles sont toujours enfants, et cette discipline puérile (non servile ni violente), elles la subissent patiemment. Dans l’état polygamique, elles restent craintives et sensuelles, s’attachent un peu par la crainte, en recevant tout du même, caresses et sévérités.

Nos femmes du Nord, au contraire, n’étant nubiles que très-tard, sont tout à fait des personnes, et nullement des enfants, au moment du mariage. À les traiter en enfants, il y aurait le plus horrible abus de la force. Ajoutons le plus dangereux. Il se trouve généralement que les moments où leur humeur difficile provoque la brutalité de l’homme, ce sont les époques du mois où elles sont le plus vulnérables, où toute émotion violente pourrait leur