Page:Michelet - La femme.djvu/356

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dans la rue, sans rien dire, n’aura qu’à la regarder, cette pauvre innocente, pour la faire rougir, lui faire baisser les yeux.




Cela aura l’avantage de vous faire aussi réfléchir. Une femme bonne et raisonnable, si elle a un léger caprice, il faut bien que son mari se demande pourquoi, et si ce n’est pas sa faute, à lui-même. Au milieu de la vie, dans l’entraînement, le vertige où nous sommes, nous nous négligeons pour les choses essentielles, et nous négligeons ce que nous aimons le plus.

Il faut se dire : « Elle a raison peut-être ; je deviens ennuyeux, trop absorbé d’une chose. »

Ou bien :

« Respecté-je assez sa délicatesse en certain rapport physique ? Ne suis-je point déplaisant ? » Ou encore :

« Elle me voit, avec raison, sous un fâcheux aspect moral, — je suis dur, avare…

« Eh bien ! je reprendrai son cœur, je serai plus charitable, plus généreux, — magnanime, — je serai au-dessus de moi. — Il faudra bien qu’elle reconnaisse qu’au total, je vaux mieux encore que