Page:Michelet - La femme.djvu/371

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l’Amour pour tous, incapable de caprice, de préférence arbitraire, s’il n’aimait selon la Loi, la Raison et la Justice, c’est-à-dire selon l’idée que l’homme a de Dieu.

Ces deux colonnes du temple sont si profondément fondées, que personne n’y portera atteinte. Le monde alterne pourtant. Parfois, il ne voit que les Lois, parfois il ne voit que la Cause. Il oscille éternellement entre ces pôles religieux, mais il ne les change pas.

La science pour le moment n’étant pas centralisée, comme elle le sera bientôt, beaucoup ne voient que les Lois, et oublient la Cause aimante, imaginant que la machine pourrait aller sans moteur. Cet oubli fait la triste éclipse religieuse dont nous sommes assombris. Elle ne peut durer beaucoup. La belle lumière centrale qui fait toute la joie du monde reparaîtra. Nous reprendrons le sentiment de la Cause aimante, pour le moment, affaibli.

Non, des lois ne sont pas des causes. Que nous serviraient nos progrès, si nous ne reprenions le sens de la causalité et de la vie ?

Il n’y a ni gaieté, ni bonheur ici-bas, hors l’idée de production. Je l’ai dit pour les enfants. On ne peut les développer et les rendre heureux qu’en les faisant créateurs. Eh bien, de leur petit monde, étendons cela au grand. Quand vous le sentez