Page:Michelet - La femme.djvu/398

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donner un but dans la vie. Il est tant d’enfants sans parents, tant d’autres dont les parents sont loin ! On ne sait pas assez combien, dans nos dures écoles, un enfant abandonné a besoin de la pitié d’une femme. Pour celui qui est perdu dans ces collèges immenses qui sont déjà des armées, le meilleur correspondant, c’est une dame qui le suit d’un œil maternel, qui va le voir, le console, s’il est puni, parfois intercède, surtout le fait sortir, lui fait prendre l’air, le promène, l’instruit plus qu’il ne le sera peut-être dans le travail de la semaine, et enfin le fait jouer sous ses yeux avec des enfants choisis. Elle lui est plus utile encore quand il passe aux hautes écoles. Elle lui sauve bien des périls, qu’une mère ne lui sauverait pas. Il lui confiera mille choses dont cette mère, un peu crainte, n’aurait nullement le secret. Son habile enveloppement le gardera, lui fera passer cette époque intermédiaire où la furie du plaisir, aveugle, fait avorter l’homme.

Mission délicate, au total, qui souvent donne au jeune homme un admirable affinement, un peu féminin peut-être, et qui d’autre part laisse parfois un pauvre cœur de femme en grande amertume. Il lui est bien difficile de se croire tout à fait la mère. Et, parfois, elle aime autrement. Je voudrais, pour son bonheur, qu’elle s’attachât plutôt, cette bonne