Page:Michelet - La femme.djvu/400

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tous auraient vu, qu’elle était plus charmante que jamais, lui réveiller le cœur qui n’était qu’endormi et le faire souvenir qu’il était toujours amoureux.

Il est dans les ménages des heures de crises qu’une amie pénétrante surprend, devine, et où elle intervient heureusement. Elle confesse sans confesser la jeune, dirige sans diriger. Quand celle-ci vient, le cœur gros, muette et fermée de chagrin, elle la desserre doucement, la délace, si je puis dire. Et alors tout éclate, telle dureté de son mari, le peu d’égards qu’il a pour elle, tandis que tel autre au contraire… le reste se devine. À ces moments, il faut qu’on l’enveloppe, qu’on s’empare d’elle. Ce n’est pas difficile pour une femme d’esprit, d’expérience, de prendre cette enfant en larmes sur son sein, de la contenir, de lui ôter pour le moment la disposition d’elle-même. Retrouver une mère ! ce bonheur imprévu peut la sauver de telle démarche folle, de telle vengeance aveugle, qu’ensuite elle pleurerait toujours.

Parfois, plus orgueilleuse, elle ne daigne se venger ainsi. Elle réclame la séparation. C’est ce que nous voyons trop souvent aujourd’hui. Aux premières incartades d’un jeune homme violent qui aurait pu mûrir, se corriger, la femme, celle surtout qui se sent riche, n’entend rien, ne sup-