Page:Michelet - La femme.djvu/418

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pas du tout corrompues. Employez-les selon leur énergie, elles la mettront toute dans l’amour et dans la famille, et ce seront de vraies brebis.

Et les martyres, les saintes de la prostitution qui l’ont subie par piété filiale ou devoir maternel, qui les croira souillées ? Ah ! les infortunées à qui la vertu même infligea ces tortures, sachez qu’elles sont vierges entre toutes. Leur cœur brisé, mais pur, plus que nul cœur de femme, a soif d’honneur, d’amour, et nulle n’a plus droit d’être aimée.

Les vraies coupables même, si on les sort de notre Europe, qu’on les mette sous un nouveau ciel, sur une terre qui ne saura rien de leurs fautes, si elles sentent dans la Société une mère qui punit, mais une mère ; si elles voient au bout de l’épreuve, l’oubli, l’amour peut-être… leur cœur fondra, et, dans leurs abondantes larmes, elles seront purifiées.

Quand je vois ces chauves rivages méditerranéens, ces montagnes arides, mais qui, gardant leurs sources, peuvent toujours être reboisées, je sens que vingt peuples nouveaux vont naître là, si on y aide. Au lieu de revenir ici misérable ouvrier, notre soldat d’Afrique, d’Asie, sera propriétaire là-bas. Il aimera bien mieux, comme femme et auxiliaire, prendre, non une statue d’Orient, mais une vraie femme vivante, une âme et un esprit,