Page:Michelet - La femme.djvu/430

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Elle l’est chez tous les peuples barbares. C’est, chez eux, la femme qui sait les secrets des simples, les applique. Il en fut de même chez des peuples non barbares, et de haute civilisation. Dans la Perse, la dépositaire de toutes sciences, fut la mère des mages.

En réalité, l’homme, qui compatit beaucoup moins, qui, par l’effet de sa culture philosophique et généralisatrice, se console si facilement de l’individu, rassurerait le malade infiniment moins que la femme.

Celle-ci est bien plus touchée. Le malheur, c’est qu’elle l’est trop, qu’elle est sujette à s’attendrir, à subir la contagion nerveuse des maux qu’elle voit, et à devenir la malade elle-même. Il y a tel accident cruel, sanglant, repoussant, qu’on n’oserait mettre sous ses yeux à certaines époques du mois, ou encore, si elle est enceinte. Donc, il faut que nous renoncions à cette aimable perspective. Quoiqu’elle soit certainement la puissance consolante, réparatrice, curatrice, médicative, du monde, elle n’est pas le médecin.

Mais, combien utilement elle en serait l’auxiliaire ! Combien sa divination, en mille choses délicates, suppléerait à celle de l’homme ! L’éducation de celui-ci développe en lui plus d’un sens, mais elle en éteint plusieurs. Cela est visible surtout