Page:Michelet - La femme.djvu/435

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à domicile ; bonheur immense pour lui, car on le connaîtrait, on le verrait dans ses besoins, dans les milieux qui font la maladie et qui la recommencent dès qu’il revient de l’hôpital. Enfin, pour des cas peu nombreux, où il doit sortir de chez lui, on créerait autour de la ville de petits hôpitaux, où le malade, n’étant plus perdu et noyé dans les foules, serait bien autrement compté, redeviendrait un homme, ne serait plus un numéro.

Je ne suis jamais entré qu’avec terreur dans ces vieux et sombres couvents qui servent d’hôpitaux aujourd’hui. La propreté des lits, des parquets, des plafonds, a beau être admirable. C’est des murs que j’ai peur. J’y sens l’âme des morts, le passage de tant de générations évanouies. Croyez-vous que ce soit en vain que tant d’agonisants aient fixé sur les mêmes places leur œil sombre, leur dernière pensée !

La création des petits hôpitaux, salubres, hors de la ville, entourés de jardins, la spécialité des soins surtout, ces réformes humaines, doivent se faire d’abord pour les femmes. Les accouchées sont enlevées en masse par des fièvres contagieuses. La femme, en général, est bien plus prenable que l’homme aux contagions. Elle est plus imaginative, plus affectée de se voir là, perdue dans cet océan de malades, près des mourants, des