Page:Michelet - La femme.djvu/443

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que pour l’âme, mourir c’est vivre. Et il n’y a rien que de la vie en ce monde.

L’ignorance des temps barbares avait fait de la Mort un spectre. La Mort est une fleur.

Dès lors, elles disparaissent, ces répugnances, ces terreurs du sépulcre. C’est l’homme qui a fait le sépulcre, et ensuite il en a peur. La nature ne fit rien de tel. Que me parlez-vous d’ombre, de profondes ténèbres et du sein de la terre ? Grâce à Dieu, j’en puis rire. Rien ne m’y retiendra. À peine y laisserai-je trace. Entassez donc encore pierre, marbre, bronze. Vous ne me tenez point. Pendant que vous pleurez et me cherchez en bas, déjà plante, arbre et fleur, enfant de la lumière, j’ai ressuscité vers l’aurore.

L’antiquité si pénétrante, et vraiment éclairée d’avance d’une aimable lueur de Dieu, avait formulé ce simple mystère en images gracieuses. Daphné devient laurier-rose, et n’en est pas moins belle. Narcisse, en larmes distillé, reste le charme des fontaines. C’est poésie, ce n’est pas mensonge. Lavoisier l’eût pu dire. Berzélius n’aurait pas mieux parlé.

Science ! science ! douce consolatrice du monde, et vraie mère de la joie !… On la dit froide, indifférente, étrangère aux choses morales ! mais quel repos du cœur se trouverait dans la nuit d’igno-