Page:Michelet - La femme.djvu/54

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du cercle de feu, n’ayant plus d’issue, veut mourir. Elle n’en est empêchée que par un hasard imprévu, une occasion inévitable, impérieuse, de faire quelque bien encore. Attendrie par la charité, amollie, elle perd les forces que l’orgueil prêtait à son désespoir. Un sauveur lui vient, elle cède. La voilà humble, désarmée par le grand dilemme qui corrompit tant les mystiques : « Si le vice est un péché, l’orgueil est un plus grand péché. » Elle est devenue tout à coup, celle qui portait la tête si haut, bonne, docile, obéissante. Elle fait l’aveu de la femme : « J’ai besoin d’un maître. Commandez, dirigez… Je ferai ce qu’on voudra. »

Ah ! dès qu’elle est une femme, dès qu’elle est douce, pas fière, tout est ami, tout s’aplanit. Les saints lui savent gré d’être humble. Les mondains en ont bon espoir. Les portes se rouvrent devant elle, et littérature et théâtre. On travaille, on conspire pour elle. Plus elle est morte de cœur, mieux elle est posée dans la vie. Les apparences redeviennent excellentes. Tout ce qui fit guerre à l’artiste, à la femme laborieuse et indépendante, est bon pour la femme soumise (désormais entretenue).