Page:Michelet - La femme.djvu/58

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par la trahison peut-être, sans que son horrible sort ne déchire le cœur ? Et si la pauvre créature, jouet de la fatalité, allait le prendre, ce cœur, vous seriez perdu ! — Moi ! dit-il en souriant (mais d’un si triste sourire !), cela ne peut pas arriver. Mes parents y ont pourvu ; ils ont fermé cette porte qui mène aux grandes folies. Avant que j’aie senti mon cœur, on m’en a débarrassé. On a tué l’amour en moi. »

Cette parole funéraire me fit frémir. Je pensai au mot qu’un empereur sophiste dit au dernier jour de l’empire romain : « L’amour est une convulsion. » Le lendemain, tout s’écroula, non par l’invasion des barbares, mais par celle du célibat et de la mort préventive.