Page:Michelet - La femme.djvu/92

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vie physique, et déjà de son jeune cœur, tout en elle, en elle absorbé.

Amour qui peut sembler calme, dans l’innocence de cet âge, et qui n’est pas, comme celui de sa mère, aiguisé de toutes les flèches de délices et de douleurs, mais fort de sa grande unité. S’il pouvait dire, il dirait : « Toi seule es mon infini, mon monde absolu et complet ; rien en moi qui ne soit de toi, et qui ne veuille aller à toi… Je ne sais si je vis, mais j’aime ! »

L’Inde symbolise le cercle de la vie parfaite et divine par l’attitude d’un Dieu qui de la main se prend le pied, se concentre et se forme en arc. Ainsi font souvent les petits enfants, ainsi fait celui-ci, doucement soulevé au sein. Elle l’aide à aller à elle. Mais lui, il le veut tout autant, y fait ce qu’il peut. Par ce mouvement gracieux, charmant, d’instinct naturel où l’on sent poindre pourtant l’élan voulu de la tendresse, il ramasse tout son corps, bande en arc toute sa personne, aussi grande qu’elle puisse être et sans en réserver rien. Il se fait un, pour s’offrir et se donner tout entier.