Page:Michelet - La femme.djvu/94

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rivent guère qu’à celle qui est vraiment la femme, déjà assouplie par l’amour.

Eh bien, madame, puisque enfin vous êtes madame déjà, y a-t-il donc tant d’années que vous n’êtes plus petite fille ? À quinze ans, s’il m’en souvient, sous prétexte d’essayer des modes, vous jouiez encore aux poupées. Même, quand vous étiez bien seule (convenez-en), il vous arrivait de les baiser, de les bercer. — La voici, la poupée vivante, qui ne demande qu’à jouer… Eh ! jouez donc, pauvre petite ! on ne vous regardera pas.

« Mais je n’ose… Avec celle-ci, j’ai peur. Elle est si délicate ! Si je la touche, elle crie. Et, si je la laisse, elle crie… Je tremble de la casser ! »




Il est des mères tellement idolâtres, tellement perdues dans l’extase de cette contemplation, qu’elles resteraient tout le jour à genoux devant leur enfant. Par le lait, par le regard, quelque petit chant de nourrice, elles se sentent unies avec lui, et n’en demandent pas plus. Ce n’est pas assez ; l’union est bien plus encore dans la volonté agissante, dans le concours d’action. S’il n’agit avec toi, sauras-tu s’il t’aime ? C’est le jeu qui va créer entre vous ce rapprochement plus intime que l’allaitement même, et