Page:Michelet - OC, Bible de l’humanité, Une année du Collège de France.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

PRÉFACE 5

la trame universelle qu’ont ourdie nos aïeux de leur pensée et de leur cœur. Nous la continuons, sans nous en rendre compte, et notre âme y sera demain. Ce n’est pas, comme on pourrait croire, une histoire des religions. Cette histoire ne peut plus s’isoler et se faire à part. Nous sortons tout à fait des classifications. Le fil général de la vie que nous suivons se tisse de vingt fils réunis, qu’on n’isole qu’en les arrachant. Au fil religieux s’emmêlent incessamment ceux d’amour, de famille, de droit, d’art, d’industrie. L’activité morale comprend la religion et n’y est pas comprise. La religion est cause, mais beaucoup plus effet. Elle est souvent un cadre où la vraie vie se joue ; souvent un véhicule, un instrument des énergies natives.

Quand la foi fait le cœur, c’est que déjà lui-même le cœur a fait la foi.

Mon livre naît, en plein soleil, chez nos parents, les fils de la lumière, les Aryas, Indiens, Perses et Grecs, dont les Romains, Celtes, Germains, ont été des branches inférieures’. Leur haut génie, c’est d’avoir tout d’abord créé

1. Ce livre est infiniment simple. Un premier essai en ce genre ne devait donner que le plus clair, écarter 1° les essais de la vie sauvage ; 2° le monde excentrique (Chinois, etc.) ; 3° le monde qui a laissé peu et dont l’âge est encore discuté (Celtes,-etc.) ; 4° il a dû écarter surtout, même des sociétés lumineuses, la haute abstraction qui ne fut jamais populaire. On parle trop des philosophes. Leurs livres, même en Grèce, étaient peu lus. Très justement Aristote se moque de ce sot d’Alexandre qui se plaint de ce que la Métaphysique est publiée ! Elle resta comme inédite, et fut très longtemps oubliée.