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HISTOIRE DE FRANCE

Frappé par la mort de Gustave, par la mort de Waldstein, qui unifiait le parti catholique et lui restituait sa prépondérance intrinsèque, il fallut bien alors, tellement quellement, qu’il suppléât Gustave, qu’il entreprit le rôle étrange et impossible de chef des protestants, lui cardinal ; que d’abord il payât la guerre, puis la fit. Avec quoi ? Avec des officiers tellement ses ennemis qu’ils aimaient mieux les Espagnols et désiraient être battus.

En janvier 1633, quand on le rapporta de Bordeaux, et que Louis XIII alla dix lieues au-devant du malade, il paraissait très fort. Il frappa ses ennemis, frappa ses faux amis. Mais maintenant quels seront les vrais ? Nous avons vu comment le Père Joseph l’avait trahi à Ratisbonne. Montmorency, naguère ami à Lyon dans la crise de 1630, a tourné et péri. Ghâteauneuf, son ami à la Journée des Dupes, mais depuis gagné par les dames, a dansé pour sa mort ; il le fait arrêter. Son instrument, d’Estrées, qui, en 1631, se fit pour lui garde, presque geôlier de la reine mère, d’Estrées même, cette fois, est du complot. Il a peur et se cache. Richelieu est forcé de le chercher, de le rassurer, de le reprendre ; à quel autre se fierait-il mieux ?

Il est trop évident que personne ne croit que Richelieu puisse durer. Il mourra, ou le roi mourra. Et d’ailleurs le roi peut changer. Comment lui reste-t-il ? C’est ce qu’on a peine à comprendre. Comment supporte-t-il la vie que lui fait Richelieu ?

Premièrement, celui-ci lui a chassé sa mère, la tient dehors, et ferme solidement la porte, lui faisant, pour