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FRANCE FÉODALE

chapitre des moines, et lui demanda quelle était son intention. « Je veux, avec la grâce de Dieu, répondit-il en pleurant, renoncer à l’habit du siècle, revêtir le vôtre, et ne plus servir que Dieu avec vos frères. — Voulez-vous donc, reprit l’abbé, promettre, selon notre règle et à l’exemple de Jésus-Christ, l’obéissance jusqu’à la mort ? — Je le veux, reprit l’empereur. — Eh bien ! je vous reçois comme moine, dès ce jour j’accepte la charge de votre âme : et ce que j’ordonnerai, je veux que vous le fassiez avec la crainte du Seigneur. Or, je vous ordonne de retourner au gouvernement de l’empire que Dieu vous a confié, et de veiller de tout votre pouvoir, avec crainte et tremblement, au salut de tout le royaume[1]. » L’empereur, lié par son vœu, obéit à regret. Au reste, il était moine depuis longtemps ; il avait toujours vécu en frère avec sa femme. L’Église l’honore sous le nom de saint Henri.

Un autre saint, qu’elle n’a pas canonisé, est notre Robert, roi de France. « Robert, dit l’auteur de la Chronique de Saint-Bertin, était très pieux, sage et lettré, passablement philosophe et excellent musicien. Il composa la prose du Saint-Esprit : Adsit nobis gratia ; les rythmes Judea et Hierusalem, Concede nobis quæsumus, et Cornelius centurio, qu’il offrit, mis en musique et notés, sur l’autel de Saint-Pierre à Rome, de même que l’antiphone Eripe, et plusieurs autres belles choses. Il avait pour femme Constance, qui lui demanda un jour de faire quelque chose en mémoire

  1. Vie de saint Richard.