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HISTOIRE DE FRANCE

lentes : « Quel ennemi de Dieu, bon seigneur, a déshonoré votre robe d’or ? — Personne, répondit-il, ne m’a déshonoré ; cela était sans doute plus nécessaire à celui qui l’a pris qu’à moi, et, Dieu aidant, lui profitera. » — Un autre voleur lui coupant la moitié de la frange de son manteau, Robert se retourna, et lui dit : « Va-t’en, va-t’en ; contente-toi de ce que tu as pris ; un autre aura besoin du reste. » Le voleur s’en alla tout confus. — Même indulgence pour ceux qui volaient les choses saintes. Un jour qu’il priait dans sa chapelle, il vit un clerc nommé Ogger qui montait furtivement à l’autel, posait un cierge par terre, et emportait le chandelier dans sa robe. Les clercs se troublent, qui auraient dû empêcher ce vol. Ils interrogent le seigneur roi, et il proteste qu’il n’a rien vu. Cela vint aux oreilles de la reine Constance ; enflammée de fureur, elle jure par l’âme de son père qu’elle fera arracher les yeux aux gardiens, s’ils ne rendent ce qu’on a volé au trésor du saint et du juste. Dès qu’il le sut, ce sanctuaire de piété, il appela le larron, et lui dit : « Ami Ogger, va-t’en d’ici, que mon inconstante Constance ne te mange pas. Ce que tu as te suffit pour arriver au pays de ta naissance. Que le Seigneur soit avec toi ! » Il lui donna même de l’argent pour faire sa route ; et quand il crut le voleur en sûreté, il dit gaiement aux siens : « Pourquoi tant vous tourmenter à la recherche de ce chandelier ? Le Seigneur l’a donné à son pauvre. » — Une autre fois enfin, comme il se relevait la nuit pour aller à l’église, il vit deux amants couchés dans un coin ; aussitôt il détacha une fourrure précieuse qu’il portait