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SUITE DE LA CROISADE. — LES COMMUNES

droit[1]. Nous verrons Alix de Montmorency conduire une armée à son époux, le fameux Simon de Montfort.

Exclues jusque-là des successions par la barbarie féodale, les femmes y rentrent partout dans la première moitié du douzième siècle : en Angleterre, en Castille, en Aragon, à Jérusalem, en Bourgogne, en Flandre, Hainaut, Vermandois, en Aquitaine, Provence et bas Languedoc. La rapide extinction des mâles, l’adoucissement des mœurs et le progrès de l’équité, rouvrent les héritages aux femmes. Elles portent avec elles les souverainetés dans des maisons étrangères ; elles mêlent le monde, elles accélèrent l’agglomération des États, et préparent la centralisation des grandes monarchies.

Une seule entre les maisons royales, celle des Capets, ne reconnut point le droit des femmes ; elle resta à l’abri des mutations qui transféraient les autres États d’une dynastie à une autre. Elle reçut, et elle ne donna point. Des reines étrangères purent venir ; l’élément féminin, l’élément mobile put s’y renouveler ; l’élément mâle n’y vint point du dehors, il y resta le même, et avec lui l’identité d’esprit, la perpétuité des traditions. Cette fixité de la dynastie est une des choses qui ont le plus contribué à garantir l’unité, la personnalité de notre mobile patrie.


Le caractère commun de la période qui suit la croi-

  1. En 1134, Ermengarde de Narbonne, succédant à son frère, demande et obtient de Louis-le-Jeune l’autorisation de juger, chose interdite aux femmes par Constantin et Justinien. App. 84.