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TABLEAU DE LA FRANCE

comtesse de Poitiers assassinait sa rivale, lorsque la jalouse Éléonore de Guyenne fit périr la belle Rosemonde dans le labyrinthe où son époux l’avait cachée.

Les fils d’Éléonore, Henri, Richard Cœur-de-Lion et Jean, ne surent jamais s’ils étaient Poitevins ou Anglais, Angevins ou Normands. Cette lutte intérieure de deux natures contradictoires se représenta dans leur vie mobile et orageuse. Henri III, fils de Jean, fut gouverné par les Poitevins ; on sait quelles guerres civiles il en coûta à l’Angleterre. Une fois réuni à la monarchie, le Poitou du marais et de la plaine se laissa aller au mouvement général de la France. Fontenay fournit de grands légistes, les Tiraqueau, les Besly, les Brisson. La noblesse du Poitou donna force courtisans habiles (Thouars, Mortemart, Meilleraye. Mauléon). Le plus grand politique et l’écrivain le plus populaire de la France appartiennent au Poitou oriental : Richelieu et Voltaire ; ce dernier, né à Paris, était d’une famille de Parthenay[1].

Mais ce n’est pas là toute la province. Le plateau des deux Sèvres verse ses rivières, l’une vers Nantes, l’autre vers Niort et La Rochelle. Les deux contrées excentriques qu’elles traversent, sont fort isolées de la France. La seconde, petite Hollande[2], répandue en marais, en canaux, ne regarde que l’Océan, que La Rochelle. La ville blanche[3] comme la ville noire,

  1. Il y aurait encore des Arouet dans les environs de cette ville, au village de Saint-Loup.
  2. App. 10.
  3. Les Anglais donnaient autrefois ce nom à La Rochelle, à cause du reflet de la lumière sur les rochers et les falaises.