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HISTOIRE DE FRANCE

croisade. La mort de Saladin, l’avènement d’un jeune pape, plein d’ardeur (Innocent III), semblaient ranimer la chrétienté. La mort d’Henri VI rassurait l’Europe alarmée de sa puissance. La croisade prêchée par Foulques de Neuilly fut surtout populaire dans le nord de la France. Un comte de Champagne venait d’être roi de Jérusalem ; son frère, qui lui succédait en France, prit la croix, et avec lui la plupart de ses vassaux ; ce puissant seigneur était à lui seul suzerain de dix-huit cents fiefs. Nommons en tête de ses vassaux son maréchal de Champagne, Geoffroi de Villehardouin, l’historien de cette grande expédition, le premier historien de la France en langue vulgaire ; c’est encore un Champenois, le sire de Joinville, qui devait raconter l’histoire de saint Louis et la fin des croisades. Les seigneurs du nord de la France prirent la croix en foule, les comtes de Brienne, de Saint-Paul, de Boulogne, d’Amiens, les Dampierre, les Montmorency, le fameux Simon de Montfort, qui revenait de la terre sainte, où il avait conclu une trêve avec les Sarrasins au nom des chrétiens de la Palestine. Le mouvement se communiqua au Hainaut, à la Flandre ; le comte de Flandre, beau-frère du comte de Champagne, se trouva, par la mort prématurée de celui-ci, le chef principal de la croisade. Les rois de France et d’Angleterre avaient trop d’affaires ; l’Empire était divisé entre deux empereurs.

On ne songeait plus à prendre la route de terre. On connaissait trop bien les Grecs. Tout récemment, ils avaient massacré les Latins qui se trouvaient à Cons-