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GUERRE DES ALBIGEOIS

qu’ils tenaient d’eux en fief. Le roi d’Angleterre avait toujours été vassal du roi de France pour la Normandie ou L’Aquitaine. Henri II avait fait hommage de l’Angleterre à Alexandre III et Richard à l’empereur. Mais les temps avaient changé. Les barons affectèrent de croire leur roi dégradé par sa soumission aux prêtres. Lui-même cacha à peine sa fureur. Un ermite avait prédit qu’à l’Ascension Jean ne serait plus roi ; il voulut prouver qu’il l’était encore, et fit traîner le prophète à la queue d’un cheval qui le mit en pièces.

Philippe-Auguste eût peut-être envahi l’Angleterre malgré les défenses du légat, si le comte de Flandre ne l’eût abandonné. La Flandre et l’Angleterre avaient eu, de bonne heure, des liaisons commerciales ; les ouvriers flamands avaient besoin de laines anglaises. Le légat encouragea Philippe à tourner cette grande armée contre les Flamands. Les tisserands de Gand et de Bruges n’avaient guère meilleure réputation d’orthodoxie que les Albigeois du Languedoc. Philippe envahit en effet la Flandre, et la ravagea cruellement. Dam fut pillée, Cassel, Ypres, Bruges, Gand, rançonnées. Les Français assiégeaient cette dernière ville, lorsqu’ils apprirent que la flotte de Jean bloquait la leur. Ils ne purent la soustraire à l’ennemi qu’en la brûlant eux-mêmes, et se vengèrent en incendiant les villes de Dam et de Lille[1].

Cet hiver même, Jean tenta un effort désespéré. Son beau-frère, le comte de Toulouse, venait de perdre

  1. Où pourtant on parlait français.