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LOUIS IX

les aimait, sympathisait avec elles ; il sauvait, quand il pouvait, le lièvre poursuivi par les chasseurs, et vendait son manteau pour racheter un agneau de la boucherie. La nature morte elle-même, il l’embrassait dans son immense charité. Moissons, vignes, bois, pierres, il fraternisait avec eux tous et les appelait tous à l’amour divin[1].

Cependant, un pauvre idiot d’Assise s’attacha à lui, puis un riche marchand laissa tout pour le suivre. Ces premiers franciscains et ceux qui se joignirent à eux, donnèrent d’abord dans des austérités forcenées, comparables à celles des fakirs de l’Inde, se pendant à des cordes, se serrant de chaînes de fer et d’entraves de bois. Puis, quand ils eurent un peu calmé cette soif de douleur, saint François chercha longtemps en lui-même lequel valait mieux de la prière ou de la prédication[2]. Il y serait encore, s’il ne se fût avisé de consulter sainte Claire et le frère Sylvestre ; ils décidèrent pour la prédication. Dès lors, il n’hésita plus, se ceignit les reins d’une corde et partit pour Rome. « Tel était son transport, dit le biographe, quand il parut devant le pape, qu’il pouvait à peine contenir ses pieds, et tressaillait comme s’il eût dansé[3]. » Les politiques de la cour de Rome le rebutèrent d’abord ; puis le pape réfléchit et l’autorisa. Il

  1. Th. Cellan. : « Segetes, vineas, lapides et silvas, et omnia speciosa camporum… terramque et ignem, aerem et ventum ad divinum monebat amorem, etc… Omnes creaturas fratres nomine nuncupabat ; frater cinis, soror musca, etc. »
  2. Vie de saint François, par saint Bonaventure.
  3. Id.