Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 2.djvu/420

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
410
HISTOIRE DE FRANCE

Marmande, où il essaya en vain de sauver les assiégés. Vingt-cinq seigneurs et dix-sept archevêques et évêques[1] déclarèrent qu’ils conseillaient au roi de se charger de l’affaire des Albigeois. Louis VIII se mit en effet en marche à la tête de toute la France du Nord ; les cavaliers seuls étaient dans cette armée au nombre de cinquante mille. L’alarme fut grande dans le Midi. Une foule de seigneurs et de villes s’empressèrent d’envoyer au-devant, et de faire hommage. Les républiques de Provence, Avignon, Arles, Marseille et Nice espéraient pourtant que le torrent passerait à côté. Avignon offrit passage hors de ses murs ; mais en même temps elle s’entendait avec le comte de Toulouse pour détruire tous les fourrages à l’approche de la cavalerie française. Cette ville était étroitement unie avec Raymond, elle était restée douze ans excommuniée pour l’amour de lui. Les podestats d’Avignon prenaient le titre de bayles ou lieutenants du comte de Toulouse. Louis VIII insista pour passer par la ville même, et sur son refus il l’assiégea. Les réclamations de Frédéric II, en faveur de cette ville impériale, ne furent point écoutées. Il fallut qu’elle payât rançon, donnât des otages et abattit ses murailles. Tout ce qu’on trouva dans la ville, de Français et de Flamands, fut égorgé par les assiégeants. Une grande partie du Languedoc s’effraya ; Nîmes, Albi, Carcassonne, se livrèrent, et Louis VIII établit des sénéchaux dans cette dernière ville et à Beaucaire. Il semblait qu’il dût accomplir dans cette campagne toute la conquête du Midi. Mais le siège d’Avignon avait été un retard fatal ; les cha-

  1. App. 120.