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BATAILLE DE POITIERS

Il n’y avait qu’un étroit sentier pour monter aux Anglais. Le roi de France y employa des cavaliers. Il en fut à peu près comme à la bataille de Morgarten. Les archers firent tomber une pluie de traits, criblèrent les chevaux, les effarouchèrent, les jetèrent l’un sur l’autre. Les Anglais saisirent ce moment pour descendre[1]. Le trouble se répandit dans cette grande armée. Trois fils du roi se retirèrent du champ de bataille par l’ordre de leur père, emmenant pour escorte un corps de huit cents lances.

Cependant le roi tenait ferme. Il avait employé des cavaliers pour forcer la montagne ; avec le même bon sens, il donna ordre aux siens de mettre pied à terre pour combattre les Anglais qui venaient à cheval. La résistance de Jean fut aussi funeste au royaume que la retraite de ses fils. Ses confrères de l’ordre de l’Étoile furent comme lui fidèles à leur vœu ; ils ne reculèrent pas. « Et se combattoient par troupeaux et par compagnie, ainsi que ils se trouvoient et recueilloient. » Mais la multitude fuyait vers Poitiers qui ferma ses portes : « Aussi y eut-il sur la chaussée et devant la porte si grand’horribleté de gens occire, navrer et abattre, que merveille seroit à penser ; et se rendoient les François de si loin qu’ils pouvoient voir un Anglois. »

Cependant le champ de bataille était encore disputé : « Le roi Jean y faisoit de sa main merveilles d’armes, et tenoit la hache, dont trop bien se défen-

  1. App. 193.