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HISTOIRE DE FRANCE

dans sa maison avec plus de pompe que chez aucun roi ; la musique surtout nombreuse, excellente. Dans les occasions publiques, dans les fêtes, il tenait à éblouir et jetait l’argent. Lorsqu’il alla recevoir, à Lélinghen, Isabelle de France, veuve de Richard II, qu’Henri IV renvoyait, il déploya un luxe incroyable, inconvenant dans une si triste circonstance ; mais il voulait sans doute imposer à ses amis les Anglais. Au reste, il ne lui en coûta rien, il profita de cette dépense pour se donner, au nom du roi de France, une énorme pension de trente-six mille livres. Il en fut de même au mariage de son second fils ; il donna à tous les seigneurs des Pays-Bas qui y assistaient, des robes de velours vert et de satin blanc, et leur distribua pour dix mille écus de pierreries ; il avait pourvu d’avance à ces dépenses en se faisant assigner, sur le trésor de France, une somme de cent quarante mille francs.

La rançon de son fils, loin de lui coûter, fut pour lui une occasion de lever des sommes énormes. Indépendamment de tout ce qu’il tira de la Bourgogne, de la Flandre, etc., il s’assigna, au nom du roi, quatre-vingt mille livres. Nous voyons le même fils, à peine de retour, tirer encore, l’année suivante, douze mille livres de Charles VI[1]. Cette maison si riche ne méprisait pas les plus petits gains.

Le duc de Bourgogne n’aimait pas à payer. Ses trésoriers n’acquittaient rien, pas même les dépenses

  1. D. Plancher.