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LE DUC D’ORLÉANS, LE DUC DE BOURGOGNE

écoliers se dispersaient, au grand dommage de Paris. Alors on se hâtait de courir après eux, de finir la secessio, de rappeler la gens togata du mont Aventin.

L’Université ne s’en tint pas à ces moyens négatifs. Bientôt, associée au petit peuple, elle donna ses ordres à l’hôtel Saint-Paul, et traita le roi presque aussi mal qu’elle avait traité le pape. Dans cette éclipse misérable de la papauté, de l’empire, de la royauté, l’Université de Paris trônait, férule en main, et se croyait reine du monde.

Et il y avait bien quelque raison dans cette absurdité. Avant l’imprimerie, avant la domination de la presse, sous laquelle nous vivons, toute publicité était dans l’enseignement oral, que dispensaient les universités ; or, la première et la plus influente de toutes était celle de Paris.

Puissance immense, à peu près sans contrôle. Et dans quelles mains se trouvait-elle ? Aux mains d’un peuple de docteurs, aigris par la misère, en qui d’ailleurs la haine, l’envie, les mauvaises passions avaient été soigneusement cultivées par une éducation de polémique et de dispute. Ces gens arrivaient à la puissance, ils devaient montrer bientôt combien l’éristique sèche et durcit la fibre morale, comment, portée du raisonnement dans la réalité, elle continue d’abstraire, abstrait la vie et raisonne le meurtre, comme toute autre négation.

De bonne heure, l’Université avait commencé la guerre contre le duc d’Orléans. Dès 1402, elle déclara les ennemis de la soustraction d’obédience, les amis