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LE DUC D’ORLÉANS, LE DUC DE BOURGOGNE

Elle avait suspendu ses leçons, et défendu les prédications, jusqu’à ce qu’elle eût obtenu cette réparation éclatante. Elle usa du même moyen lorsque Benoît XIII s’étant échappé d’Avignon, le duc d’Orléans fit révoquer par le roi la soustraction d’obédience, et que le pape ordonna la levée d’une décime sur le clergé, dont le duc aurait profité sans doute. Un concile assemblé à Paris n’osait rien décider. L’Université, par l’organe d’un de ses docteurs, Jean Petit, éclata avec violence contre le pape, contre les fauteurs du pape, contre l’université de Toulouse qui le soutenait ; celle de Paris exigea du roi un ordre au Parlement de faire brûler la lettre qu’avaient écrite ceux de Toulouse à cette occasion. La terreur était si grande que le même Savoisy, récemment maltraité par l’Université, se chargea de porter au Parlement l’ordre du roi. Cet homme, intrépide devant les Anglais, rampait devant la puissance populaire, dont il avait vu de si près la force et la rage.

On peut juger de l’insolence des écoliers après de telles victoires, ils se croyaient décidément les maîtres sur le pavé de Paris. Deux d’entre eux, un Breton et un Normand, firent je ne sais quel vol. Le prévôt, messire de Tignonville, ami du duc d’Orléans, jugeant bien que, s’il les renvoyait à leurs juges ecclésiastiques, ils se trouveraient les plus innocentes personnes du monde, les traita comme déchus du privilège de cléricature, les mit à la torture, les fit avouer, puis les envoya au gibet. Là-dessus, grande clameur de l’Université et des clercs en général.