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HISTOIRE DE FRANCE

relle fermait, de ce côté, le grand enclos de l’hôtel Barbette, occupé en 1407 par la reine Isabeau, en 1550 par Diane de Poitiers.

L’hôtel Barbette, placé hors de l’enceinte de Philippe-Auguste, entre les deux juridictions de la ville et du Temple, libre également de l’une et de l’autre, avait été longtemps soustrait, par sa position, aux gênes de la ville, couvre-feu, fermeture des portes, etc. Enfermé plus tard dans l’enceinte de Charles V, il n’en était pas moins, dans ce quartier peu fréquenté, hors de la surveillance des honnêtes et médisants bourgeois de Paris[1].

Cet hôtel, bâti par le financier Étienne Barbette, maître de la monnaie sous Philippe-le-Bel, fut pillé dans la grande sédition où le peuple enragé poursuivit le roi jusqu’au Temple (1306). Le même hôtel, quatre-vingts ans après, appartenait à un autre parvenu, au grand maître Montaigu, l’un des Marmousets qui gouvernaient le royaume. Ils y firent coucher Charles VI, la veille de son départ pour la Bretagne, lorsque, malgré ses oncles, ils parvinrent à le tirer de Paris pour lui faire poursuivre la vengeance de l’assassinat de Clisson. Montaigu, ami, comme Clisson, du duc d’Orléans, fit sa cour à la reine, en lui cédant cette maison commode ; elle n’aimait pas l’hôtel Saint-Paul, où vivait son mari ; ce mari la

  1. Les maisons placées ainsi n’avaient pas bon renom. On le voit par les plaintes que faisaient les chanoines de Saint-Méry contre les mauvais lieux qui se trouvaient le long de la vieille enceinte de Philippe-Auguste. Ils obtinrent une ordonnance d’Henri VI, roi de France et d’Angleterre, pour en purger ce quartier.