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HISTOIRE DE FRANCE

quetonville, ancien général des finances, que le duc avait chassé pour malversation. Raoul répondait de tuer ; un valet de chambre du roi promit, pour argent, de livrer et de trahir.

Le lendemain du repas de réconciliation, le mercredi 23 novembre 1407, Louis d’Orléans avait été, comme à l’ordinaire, chez la reine ; il y avait soupé, et gaiement, pour essayer de consoler la pauvre mère[1]. Le valet de chambre du roi arrive en hâte, et dit que le roi demande son frère, qu’il veut lui parler[2]. Le duc, qui avait dans Paris six cents chevaliers ou écuyers, n’avait pourtant pas amené grand monde avec lui, aimant mieux sans doute faire à petit bruit ces visites dont on ne médisait que trop. Il laissa même à l’hôtel Barbette une partie de ceux qui l’avaient suivi, comptant peut-être y retourner quand il serait quitte du roi. Il n’était que huit heures ; c’était de bonne heure pour les gens de cour, mais tard pour ce quartier retiré, en novembre surtout. Il n’avait avec lui que deux écuyers montés sur un même cheval, un page et quelques valets pour éclairer. Il s’en allait, vêtu d’une simple robe de damas noir, par la Vieille rue du Temple, en arrière de ses gens, chantant à demi voix, et jouant avec son gant, comme un homme qui veut être gai. Nous savons ces détails par deux témoins oculaires : un valet de l’hôtel de Rieux, et une pauvre femme qui logeait dans une chambre dépendante du même hôtel.

  1. « Dolorem… studuit mitigare… cœna jocunda peracta. » (Religieux.)
  2. Monstrelet.