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HISTOIRE DE FRANCE

des archers d’Angleterre, se hasarda d’attaquer. Les Liégeois avaient un peu de cavalerie, quelques chevaliers ; mais ils s’en défiaient trop ; ils les empêchèrent de bouger. Ceux de Bourgogne, ne pouvant les forcer par devant, les tournèrent ; une terreur panique les prit ; plusieurs milliers de Liégeois se rendirent prisonniers. Le duc de Bourgogne, presque vainqueur, voit apparaître alors les dix mille paresseux de Tongres, qui venaient enfin combattre. Il craignit qu’ils ne lui arrachassent la victoire, et ordonna le massacre des prisonniers. Ce fut une immense boucherie ; toute cette chevalerie, cruelle par peur, s’acharna sur la multitude qui avait posé les armes. Le duc de Bourgogne prétend, dans une lettre[1], qu’il resta vingt-quatre mille hommes sur le carreau : il avait perdu seulement de soixante à quatre-vingts chevaliers ou écuyers, sans compter les soldats apparemment. Néanmoins, cette disproportion fait sentir assez combien, dans la nouveauté et l’imperfection des armes à feu, les moyens offensifs étaient faibles contre ces maisons de fer dont les chevaliers s’affublaient.

Je me défie un peu de ce nombre de vingt-quatre mille hommes ; c’est juste celui de la bataille de Roosebeke, que gagna Philippe-le-Hardi. Le fils ne voulut pas sans doute avoir tué moins que le père. Quoi qu’il en soit, le récit des cruautés épouvantables du parti de Bourgogne, qui, dans le Hasbain seul, avait brûlé, disait-on, quatre cents églises parois-

  1. App. 112.