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LUTTE DES DEUX PARTIS. — CABOCHIENS

en Italie. La reine fut aussi gagnée par un mariage ; le duc de Bourgogne alla la voir à Melun et promit de faire épouser au frère d’Isabeau (Louis de Bavière) la fille de son ami, le roi de Navarre. Il était d’ailleurs arrangé que le jeune dauphin présiderait désormais le conseil ; la grosse Isabeau[1] crut sottement qu’elle gouvernerait son fils, et par son fils le royaume. Elle revint à Paris, c’est-à-dire qu’elle se remit entre les mains du duc de Bourgogne.

Ainsi, les choses tournaient à souhait pour lui et pour son parti. L’Université, toute-puissante au concile de Pise, venait de mettre à profit la déposition des deux papes pour faire donner la papauté à l’un de ses anciens professeurs, qui apparemment n’aurait rien à refuser à l’Université et au duc de Bourgogne.

Que manquait-il à celui-ci, sinon de se réhabiliter, s’il pouvait, de faire oublier ? Il y avait deux moyens, réformer l’État et chasser l’Anglais. Il entreprit de nouveau d’assiéger Calais ; cette fois, le duc d’Orléans n’était plus là pour faire manquer l’entreprise. Il s’y prit comme la première fois ; il fit bâtir une ville de bois autour de la ville ; il entassa dans l’abbaye de Saint-Omer force machines et quantité d’artillerie. Mais les Anglais, pour la somme de dix mille nobles à la rose, trouvèrent un charpentier qui y jeta le feu grégeois et brûla en un moment tout ce qu’on avait longuement préparé.

La réforme n’alla guère mieux que la guerre. Le duc

  1. « Mole carnis gravata nimium. » (Religieux.)