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LUTTE DES DEUX PARTIS. — CABOCHIENS

orage. Le duc d’Orléans n’était qu’un enfant, un nom ; mais autour de ce nom se serraient naturellement tous ceux qui haïssaient le duc de Bourgogne et le roi de Navarre. D’abord le comte d’Armagnac, ennemi du second par voisinage, du premier pour avoir dès longtemps été forcé de céder le Charolais ; puis le duc de Bretagne, les comtes de Clermont et d’Alençon ; enfin, les ducs de Berri et de Bourbon, qui, se voyant comptés pour rien par le duc de Bourgogne, passèrent de l’autre côté. Ces princes s’allièrent « pour la réforme de l’État et contre les ennemis du royaume ».

C’était aussi contre les ennemis du royaume que le duc de Bourgogne levait des troupes et demandait de l’argent. Il fit venir à Paris les principaux bourgeois des villes de France pour obtenir, non une taxe, mais un prêt ; les Anglais, disait-il, menaçaient de débarquer. Les bourgeois, sans délibérer, répondirent nettement que leurs villes étaient déjà trop chargées, que le duc de Bourgogne n’avait qu’à faire usage de trois cent mille écus d’or qui, disait-on, avaient été recouvrés. Mais cet argent s’était écoulé sans qu’on sût comment[1].

Paris ne montrait pas plus de zèle que les autres villes ; le duc avait voulu lui rendre ses armes et ses divisions militaires de centeniers, soixanteniers, cinquanteniers, etc. Les Parisiens le remercièrent, et n’en voulurent pas, ne se souciant pas de devenir les soldats du duc de Bourgogne. Il n’avait pu non plus

  1. App. 117.