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RÉFORME DANS L’ÉTAT ET DANS L’ÉGLISE

l’État. Elle ne savait pas même si elle était un corps ecclésiastique ou laïque, quoiqu’elle réclamât les privilèges des clercs. La faculté de théologie, dans la morgue de son orthodoxie, dans l’orgueil de sa victoire sur les chefs de l’Église, était Église pourtant. Elle semblait diriger, mais au fond elle était menée, violentée par la nombreuse et tumultueuse faculté des Arts (c’est-à-dire de logique)[1]. Celle-ci, peu d’accord avec l’autre, ne l’était pas davantage avec elle-même ; elle se divisait en quatre nations, et, dans ce qu’on appelait une nation, il y avait bien des nations diverses, Danois, Irlandais, Écossais, Lombards, etc.

Une révolution avait eu lieu dans l’Université au quatorzième siècle. Pour régulariser les études et les mœurs, on avait peu à peu, par des fondations de bourses et autres moyens, cloîtré les écoliers dans ce qu’on appelait des collèges. La plupart des collèges semblaient être au fond la propriété des boursiers, qui nommaient au scrutin les principaux, les maîtres. Rien n’était plus démocratique[2].

Ces petites républiques cloîtrées de jeunes gens pauvres étaient, comme on peut croire, animées de l’esprit le plus inquiet, surtout à l’époque du schisme, où les princes disposaient de tout dans l’Église, et fermaient aux universitaires l’accès des bénéfices. Dans ces tristes demeures, sous l’influence de la sèche et

  1. Les règlements de ces deux facultés se modifièrent en sens inverse. La faculté de théologie prolongea ses cours ; elle exigea six ans d’études au lieu de cinq avant le baccalauréat. La faculté des arts réduisit ses cours de six ans à cinq, puis à trois et demi, et enfin, en 1600, à deux. La scolastique perdait peu à peu son importance. (Bulæus.)
  2. App. 130.