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L’ANGLETERRE. — AZINCOURT

le bruit que c’étaient eux qui payaient des traîtres, qui avaient gagné Scrop, pour déchirer, ruiner le pays[1].

Henri envoya en France deux ambassades coup sur coup, disant qu’il était roi de France, mais qu’il voulait bien attendre la mort du roi, et en attendant épouser sa fille, avec toutes les provinces cédées par le traité de Bretigni ; c’était une terrible dot ; mais il lui fallait encore la Normandie, c’est-à-dire le moyen de prendre le reste. Une grande ambassade[2] vint en réponse lui offrir, au lieu de la Normandie, le Limousin, en portant la dot de la princesse jusqu’à 850.000 écus d’or. Alors le roi d’Angleterre demanda que cette somme fût payée comptant. Cette vaine négociation dura trois mois (13 avril-28 juillet), autant que les préparatifs d’Henri. Tout étant prêt, il fit donner des présents considérables aux ambassadeurs et les renvoya, leur disant qu’il allait les suivre.

Tout le monde en Angleterre avait besoin de la guerre. Le roi en avait besoin. La branche aînée avait eu ses batailles de Créci et de Poitiers. La cadette ne pouvait se légitimer que par une bataille.

L’Église en avait besoin, d’abord pour détacher des lollards une foule de gens misérables qui n’étaient lollards que faute d’être soldats. Ensuite, tandis

  1. Walsingham y croit. Mais Turner voit très bien que ce n’était qu’un faux bruit.
  2. Jamais le roi de France n’avait envoyé à celui d’Angleterre une ambassade aussi solennelle ; il y avait douze ambassadeurs, et leur suite se composait de cinq cent quatre-vingt-douze personnes. (Rymer.)