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HENRI V

Il tenait dans ses mains, avec Paris, le roi et le dauphin. Il prit l’épée de connétable.

Le duc de Bourgogne resta à Lagny, faisant tous les jours dire à ses partisans qu’il allait venir, leur assurant que c’était lui qui avait défendu les passages de la Somme contre les Anglais, espérant que Paris finirait par se déclarer. Il resta ainsi deux mois et demi à Lagny. Les Parisiens finirent par l’appeler « Jean de Lagny qui n’a hâte ». Il emporta ce sobriquet.

Armagnac resta maître de Paris, et d’autant plus maître que tous ceux qui l’y avaient appelé moururent en quelques mois, le duc de Berri, le roi de Sicile, le dauphin[1]. Le second fils du roi devenait dauphin, et le duc de Bourgogne, près de qui il avait été élevé, croyait gouverner en son nom. Mais ce second dauphin mourut, et un troisième encore vingt-cinq jours après. Le quatrième dauphin vécut ; il était ce qu’il fallait au connétable : il était enfant.

Armagnac, si bien servi par la mort, se trouva roi un moment. Le royaume en péril avait besoin d’un homme. Armagnac était un méchant homme et capable de tout, mais enfin c’était, on ne peut le nier, un homme de tête et de main[2].

Les Anglais faisaient des triomphes, des processions, chantaient des Te Deum[3] ; ils parlaient d’aller au prin-

  1. App. 185.
  2. Le Religieux de Saint-Denis est dès ce moment tout Armagnac ; c’est un grand témoignage en faveur de ce parti, qui était en effet celui de la défense nationale.
  3. Et des ballades. App. 186.