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HENRI V

Anglais tenaient la Seine ; ils assiégeaient le Pont-de-l’Arche.

La nuit du dimanche 12 juin, un Lambert, potier d’étain, commença à pousser le peuple au massacre des prisonniers. C’était, disait-il, le seul moyen d’en finir ; autrement, pour de l’argent, ils trouveraient moyen d’échapper[1]. Ces furieux coururent d’abord aux prisons de l’hôtel de ville. Les seigneurs bourguignons, L’Île-Adam, Luxembourg et Fosseuse, vinrent essayer de les arrêter ; mais, quand ils se virent un millier de gentilshommes devant une masse de quarante mille hommes armés, ils ne surent dire autre chose, sinon : « Enfants, vous faites bien. » La tour du Palais fut forcée, la prison Saint-Éloi, le grand Châtelet, où les prisonniers essayèrent de se défendre, puis Saint-Martin, Saint-Magloire et le Temple. Au petit Châtelet, ils firent l’appel des prisonniers ; à mesure qu’ils passaient le guichet, on les égorgeait.

Ce massacre ne peut se comparer aux 2 et 3 septembre. Ce ne fut pas une exécution par des bouchers à tant par jour. Ce fut un vrai massacre populaire, exécuté par une populace en furie. Ils tuaient tout, au hasard, même les prisonniers pour dettes. Deux présidents du Parlement, d’autres magistrats périrent, des évêques même. Cependant, à Saint-Éloi, trouvant l’abbé de Saint-Denis qui disait la messe aux prisonniers, et tenait l’hostie, ils le menacèrent, brandirent

  1. App. 190.