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HISTOIRE DE FRANCE

principalement à l’étroite alliance de l’épiscopat et de la royauté sous la maison de Lancastre : ces deux puissances s’étaient accordées pour réformer l’Église et conquérir la France schismatique. Or, au moment de la réforme, l’épiscopat anglais n’avait que trop laissé voir combien peu il s’en souciait ; d’autre part, la conquête de la France à peine commencée, la bonne intelligence des deux alliés, épiscopat et royauté, était déjà compromise.

Depuis un siècle, l’Angleterre accusait la France de ne vouloir aucune réforme, de perpétuer le schisme. Elle en parlait à son aise, elle qui, par son statut des Proviseurs, avait de bonne heure annulé l’influence papale dans les élections ecclésiastiques. Séparée du pape sous ce rapport, elle avait beau jeu de reprocher le schisme aux Français. La France, soumise au pape, voulait un pape français à Avignon ; l’Angleterre, indépendante du pape dans la question essentielle, voulait un pape universel, et elle l’aimait mieux à Rome que partout ailleurs. Dès qu’il n’y eut plus de pape français, les Anglais ne s’inquiétèrent plus de réformer le pontificat ni l’Église.

Les Anglais avaient donné leur victoire pour la victoire de Dieu ; leur roi, sur les premières monnaies qu’il fit frapper en France, avait mis : « Christus regnat, Christus vincit, Christus imperat. » Il eut beaucoup d’égards et de ménagements pour les prêtres français ; il entendait son intérêt : ces prêtres, qui étaient prêtres bien plus que Français, devaient s’attacher aisément à un prince qui respectait leur robe.