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HISTOIRE DE FRANCE

poser de leurs bénéfices ; mais ils n’avaient garde de revenir. Les bénéfices étant alors considérés comme vacants, les lords évêques en disposaient pour leurs créatures ; cela faisait deux titulaires pour chaque bénéfice. Après avoir tant accusé la France de perpétuer le schisme pontifical, la conquête anglaise créait peu à peu un schisme dans le clergé français.

Ces grandes et lucratives affaires expliquent seules pourquoi, dans toutes les expéditions d’Henri V, nous voyons les grands dignitaires de l’Église d’Angleterre ne plus quitter son camp, le suivre pas à pas. Ils semblent avoir oublié leur troupeau : les âmes insulaires deviennent ce qu’elles peuvent ; les pasteurs anglais sont trop préoccupés de sauver celles du continent. Nous ne voyons encore au siège d’Harfleur que l’évêque de Norwich comme principal conseiller d’Henri. Mais après la bataille d’Azincourt le roi, pressé de revenir en France, se remet entre les mains des évêques ; il charge les deux chefs de l’épiscopat, l’archevêque de Cantorbéry et le cardinal de Winchester, de percevoir, au nom de la couronne, les droits féodaux de gardes, mariages et forfaitures pour notre prochain passage de mer[1]. Il fallait, avant même de commencer une autre expédition, mettre Harfleur en état de défense[1] ; le roi, parfaitement instruit des affaires de France, ne doutait pas qu’Armagnac n’essayât de lui arracher cet inappréciable résultat de la dernière campagne. Les évêques, qui seuls avaient

  1. a et b App. 219.