Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 4.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
JEUNESSE DE CHARLES VI

toute française. Il prit d’assaut Gravelines, une ville amie, sans défense, qui ne s’attendait à rien. Cassel, pillée par les Anglais, fut ensuite brûlée par les Français. Bergues eut beau ouvrir ses portes au roi de France ; le jeune roi, qui n’avait pas encore pris de ville, s’obstina à donner l’assaut ; il escalada les murs dégarnis, força les portes ouvertes.

Le comte de Flandre insistait pour qu’on agît sérieusement et qu’on terminât la guerre. Mais tout le monde était las. Le pays commençait à être bien appauvri ; il n’y avait plus rien à prendre sans combat. Ce qu’il fallait prendre, si on pouvait, c’était cette grosse ville de Gand ; à quoi il fallait un siège, un long et rude siège ; personne ne s’en souciait. Le duc de Berri surtout se désolait d’être tenu si longtemps loin de son beau Midi, de passer tous ses hivers dans la boue et le brouillard, à faire les affaires du duc de Bourgogne et du comte de Flandre. Heureusement celui-ci mourut. Les Flamands, dans leur haine contre les Français, prétendirent que le duc de Berri l’avait poignardé[1]. Si ce prince, naturellement doux et plutôt homme de plaisir, eût fait ce mauvais coup, ce qui est peu croyable, il eût servi mieux qu’il ne voulait le duc de Bourgogne, gendre et héritier du mort. Ce gendre ne fut pas difficile sur les conditions de la paix ; il n’avait contre les Flamands ni haine ni rancune ; l’essentiel pour lui était d’hériter. Il leur accorda tout ce qu’ils voulurent, jura toutes les chartes qu’ils lui donnèrent

  1. App. 21.