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HISTOIRE DE FRANCE

ensuite assister, à Toulouse, à l’exécution de Bétisac, trésorier de son oncle. Cet homme avouait tous ses crimes, mais il ajoutait qu’il n’avait rien fait que par ordre de monseigneur de Berri. Ne sachant comment le tirer de cette puissante protection, on lui persuada qu’il n’avait d’autre ressource que de se dire hérétique, qu’alors on l’enverrait au pape, qu’il serait sauvé. Il crut ce conseil, se déclara hérétique, et fut brûlé vif. L’exécution eut lieu sous les fenêtres du roi, aux acclamations du peuple. Le roi donna cette satisfaction aux plaintes du Languedoc.

Pour faire encore chose agréable à la bonne ville de Toulouse, Charles VI accorda aux abbayes des filles de joie, que ces filles ne fussent plus obligées de porter un costume[1], mais que désormais elles s’habillassent à leur fantaisie. Il voulait qu’elles prissent part à la joie de sa royale entrée.

Il revint droit à Paris, soûl de plaisirs, las de fêtes ; il évita au retour celles qu’on lui préparait. Il gagea avec son frère que, tous deux partant à franc étrier, il arriverait avant lui. Il n’y avait plus de repos pour lui que dans l’étourdissement. À vingt-deux ans, il était fini ; il avait usé deux vies, une de guerre, une de plaisirs. La tête était morte, le cœur vide ; les sens commençaient à défaillir. Quel remède à cet état désolant ? L’agitation, le vertige d’une course furieuse. « Les morts vont vite. »

La vie est un combat, sans doute, mais il ne faut

  1. … Sauf une jarretière d’autre couleur au bras… (Ordonnances.)