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HISTOIRE DE FRANCE

grande église, une grande paroisse : le miracle de la rue des Billettes, où « Dieu fut boulu par un juif » ; puis, la ruine du Temple, qui étendit la paroisse de Saint-Jean sur ce vaste et silencieux quartier. Son curé était le grand docteur du temps, Jean Gerson, cet homme de combat et de contradiction. Mystique, ennemi des mystiques, mais plus ennemi encore des hommes de matière et de brutalité, pauvre et impuissant curé de Saint-Jean, entre les folies de Saint-Paul et les violences de Saint-Jacques, il censura les princes, il attaqua les bouchers ; il écrivit contre les dangereuses sciences de la matière, qui sourdement minaient le christianisme, contre l’astrologie, contre l’alchimie.

Sa tâche était difficile ; la partie était forte. La nature, et les sciences de la nature, comprimées par l’esprit chrétien, allaient voir leur renaissance.

Cette dangereuse puissance, longtemps captive dans les creusets et les matrices des disciples d’Averroès, transformée par Arnauld de Villeneuve et quasi spiritualisée[1], se contint encore au treizième siècle ; au quinzième, elle flamba…

Combien, en présence de cette éblouissante apparition, la vieille éristique pâlit ! Celle-ci avait tout occupé en l’homme ; puis, tout laissé vide. Dans l’en-

    rusé Flamel, écrivain non juré, non autorisé de l’Université, s’établit à l’ombre de Saint-Jacques. Il put y être protégé par le curé du temps, homme considérable, greffier du Parlement, qui avait cette cure sans même être prêtre (voir les Lettres de Clémengis). Flamel se tint là trente ans dans une échoppe de cinq pieds sur trois, et il s’y aida si bien de travail, de savoir-faire, d’industrie souterraine, qu’à sa mort il fallut, pour contenir les titres de ses biens, un coffre plus grand que l’échoppe. App. 31.

  1. App. 32.