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PROCÈS ET MORT DE LA PUCELLE

manda au pape pour ce grand siège. Mais ni le pape ni le chapitre ne voulaient de Cauchon ; Rouen, alors en guerre avec l’Université de Paris, ne pouvait prendre pour archevêque un homme de cette Université. Tout fut suspendu ; Cauchon, en présence de cette magnifique proie, resta bouche béante, espérant toujours que l’invincible cardinal écarterait les obstacles, plein de dévotion en lui et n’ayant plus d’autre dieu.

Il se trouvait fort à point que la Pucelle avait été prise sur la limite du diocèse de Cauchon, non pas, il est vrai, dans le diocèse même, mais on espéra faire croire qu’il en était ainsi. Cauchon écrivit donc, comme juge ordinaire, au roi d’Angleterre, pour réclamer ce procès ; et, le 12 juin, une lettre royale fit savoir à l’Université que l’évêque et l’inquisiteur jugeraient ensemble et concurremment. Les procédures de l’inquisition n’étaient pas les mêmes que celles des tribunaux ordinaires de l’Église. Il n’y eut pourtant aucune objection. Les deux justices voulant bien agir ainsi de connivence, une seule difficulté restait : l’inculpée était toujours entre les mains des Bourguignons.

L’Université se mit en avant ; elle écrivit de nouveau au duc de Bourgogne, à Jean de Ligny (14 juillet) Cauchon, dans son zèle, se faisant l’agent des Anglais, leur courrier, se chargea de porter lui-même la lettre[1], et la remit aux deux ducs. En même temps il leur fit une sommation, comme évêque, à cette fin de lui remettre une prisonnière sur laquelle il avait juridic-

  1. Cauchon recevait des Anglais cent sols par jour.