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HISTOIRE DE FRANCE

purent commencer le procès, leurs affaires étaient bien malades. Loin de reprendre Louviers, ils avaient perdu Château-Gaillard ; La Hire, qui le prit par escalade, y trouva Barbazan prisonnier, et déchaîna ce redouté capitaine. Les villes tournaient d’elles-mêmes au parti de Charles VII ; les bourgeois chassaient les Anglais. Ceux de Melun, si près de Paris, mirent leur garnison à la porte.

Pour enrayer, s’il se pouvait, dans cette descente si rapide des affaires anglaises, il ne fallait pas moins qu’une grande et puissante machine. Winchester en avait une à faire jouer, le procès et le sacre. Ces deux choses devaient agir d’ensemble, ou plutôt c’était même chose : déshonorer Charles VII, prouver qu’il avait été mené au sacre par une sorcière, c’était sanctifier d’autant le sacre d’Henri VII ; si l’un était reconnu pour l’oint du Diable, l’autre devenait l’oint de Dieu.

Henri entra à Paris le 2 décembre[1]. Dès le 21 novembre, on avait fait écrire l’Université à Cauchon pour l’accuser de lenteur et prier le roi de commencer le procès. Cauchon n’avait nulle hâte, il lui semblait dur apparemment de commencer la besogne, quand le salaire était encore incertain. Ce ne fut qu’un mois après qu’il se fit donner par le chapitre de Rouen l’autorisation de procéder en ce diocèse[2]. À l’instant (3 janvier 1431), Winchester rendit une ordonnance où il faisait dire au roi « qu’ayant été de ce requis

  1. La route de Picardie étant trop dangereuse, on le fit passer par Rouen. App. 49.
  2. Le chapitre ne s’y décida qu’après une délibération solennelle. App. 50.