Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
108
HISTOIRE DE FRANCE

ramené à Londres (9 février), Winchester, tranquille de ce côté, revint vivement au procès ; il ne se fia à personne pour en surveiller la conduite, il crut avec raison que l’œil du maître vaut mieux, et s’établit à Rouen pour voir instrumenter Cauchon.

La première chose était de s’assurer du moine qui représentait l’inquisition, Gauchon, ayant assemblé ses assesseurs, prêtres normands et docteurs de Paris, dans la maison d’un chanoine, manda le dominicain et le somma de s’adjoindre à lui. Le moinillon répondit timidement que « si ses pouvoirs étaient jugés suffisants, il ferait ce qu’il devait faire ». L’évêque ne manqua pas de déclarer les pouvoirs bien suffisants. Alors le moine objecta encore « qu’il voudrait bien s’abstenir, tant pour le scrupule de la conscience que pour la sûreté du procès » ; que l’évêque devrait plutôt lui substituer quelqu’un jusqu’à ce qu’il fût bien sûr que ses pouvoirs suffisaient.

Il eut beau dire, il ne put échapper ; il jugea bon gré, mal gré. Ce qui sans doute, après la peur, aida à le retenir, c’est que Winchester lui fit allouer vingt sols d’or pour ses peines[1]. Le moine Mendiant n’avait peut-être vu jamais tant d’or dans sa vie.

Le 21 février, la Pucelle fut amenée devant ses juges. L’évêque de Beauvais l’admonesta « avec douceur et charité », la priant de dire la vérité sur ce qu’on lui


    Fontaine, licencié en droit canonique, de faire cet interrogatoire préliminaire, sorte d instruction préparatoire, d’enquête sur vie et mœurs par laquelle commençaient les procès ecclésiastiques. (Notices des mss.)

  1. App. 51.