Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/215

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RÉFORME ET PACIFICATION DE LA FRANCE 205 quatorze ans, il avait été chargé de pacifier les Mar- ches de Bretagne et de Poitou 1 . Sa première capture fut celle d’un lieutenant du maréchal de Retz : un tel commencement ne promettait pas aux grands un ami bien sûr. Ami ou non, il accepta leurs offres. Le trait domi- nant de son caractère, c’était l’impatience. Il lui tardait d’être et d’agir. Il avait de la vivacité et de l’esprit à faire trembler ; point de cœur, ni amitié, ni parenté, ni humanité, nul frein. Il ne tenait à son temps que par le bigotisme, qui, loin de le gêner, lui venait toujours à point pour tuer ses scrupules. « Il ne faisoit que subtilier jour et nuit diverses (( pensées... Tous jours il avisoit soudainement « maintes étrangetés 2 . » Chose bizarre, parmi le radotage des petites dévotions, il y avait dans cet homme un vif instinct de nouveauté, le désir de remuer, de changer, déjà l’inquiétude de l’esprit moderne, sa terrible ardeur d’aller (où ? n’importe), d’aller toujours, en foulant tout aux pieds, en mar- chant, au besoin, sur les os de son père. Ce dauphin de France n’avait rien de Charles VII ; il tenait plutôt de sa grand’mère, issue des maisons de Bar et d’Aragon ; plusieurs traits de son caractère font penser à ses futurs cousins les Guises. Comme les Guises, il commença par se porter pour chef des nobles, les laissant volontiers agir en sa faveur, puis- qu’il leur tardait tant d’avoir pour roi celui qui devait leur couper la tête. 1 Mss. Legrand, Histoire de Louis XL — 2. Chastellain.