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CHARLES VII. — HENRI VI

la vie même et le cœur d’un parti. À l’époque où les brigandages des Armagnacs firent passer toutes les villes dans le parti bourguignon, Orléans resta fidèle. Lorsque la réaction eut lieu à Paris contre ce parti, c’est à Orléans que les princes envoyèrent les femmes et les enfants des fugitifs, qu’ils voulaient garder en otage.

Les bourgeois montrèrent un zèle extraordinaire. Ils consentirent sans difficulté à laisser brûler leurs faubourgs, c’est-à-dire toute une ville plus grande que la ville, je ne sais combien de couvents, d’églises[1], qui auraient été autant de postes pour les Anglais. Ils laissèrent faire et ils firent eux-mêmes. Ils se taxèrent, ils fondirent des canons. Leurs franchises les dispensaient de recevoir garnison : ils en demandèrent une, ils reçurent tout ce qu’on leur envoya, quatre ou cinq mille soudards de toute nation, des Gascons, Xaintrailles, La Hire, Albret, des Italiens, le signore Valperga, des Aragonais, don Mathias et don Coaraze, des Écossais, un Stuart, enfin le bâtard d’Orléans, et soixante bouches à feu.

Il y avait quelques Lorrains, envoyés peut-être par le duc de Lorraine ou par son gendre le jeune René d’Anjou, duc de Bar.

Orléans se vit assiégée avec une gaieté héroïque. Les Anglais n’ayant pu fermer la place du côté de la Sologne, il entrait toujours des vivres, en une fois

  1. Saint-Aignan, Saint-Michel, Saint-Michel-des-Fossés, Saint-Avit, Saint-Victor, les Jacobins, les Cordeliers, les Carmes, Saint-Mathurin, Saint-Loup, Saint-Marc, etc., etc.