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HISTOIRE DE FRANCE

Les Allemands des germanismes…

Schmidt, Essai sur Gerson, 1839, p. 122 ; Gieseler, Lehrbuch, II, iv, 348.

Les prêtres la réclament pour Gerson…

Si l’on veut que l’auteur ou le dernier rédacteur de l’Imitation soit le plus grand homme du quinzième siècle, ce sera certainement Gerson. Le vénérable M. Gence a voué sa vie à la défense de cette thèse. Pour la soutenir, il faut supposer que le goût de Gerson a fort changé dans sa retraite de Lyon. Le livre De Parvulis ad Christum trahendis, la Consolatio theologiæ, qui sont pourtant de cette époque, sont généralement écrits dans la forme pédantesque du temps. Dans quelques-uns de ses sermons et opuscules français, surtout dans celui qu’il adresse à ses sœurs, on trouve un tour vif et simple qui ne serait pas indigne de l’auteur de l’Imitation. Toutefois, même dans ce dernier opuscule, il y a encore de la subtilité et du mauvais goût. Il dit, au sujet de l’Annonciation, que la Vierge « ferma la portière de discrétion » etc. (Gerson, t. III, p. 810-841.)

Les chanoines réguliers pour Thomas de Kempen…

Thomas de Kempen a pour lui le témoignage de ses trois compatriotes, Jean Busch, Pierre Schott et Jean Trittenheim, tous trois du quinzième siècle. Il semble pourtant bien difficile que ce laborieux copiste se soit élevé si haut ; son Soliloquium animæ ne donne pas lieu de le croire. « Le Christ, dit-il, m’a pris sur ses épaules, m’a enseigné comme une mère, me cassant les noix spirituelles et me les mettant dans la bouche. » Ce luxe d’images (et quelles images !) est peu digne, comme l’observe très bien M. Faugère, de l’homme qui aurait écrit l’Imitation. (Éloge de Gerson (1838), p. 80.)

Les moines pour un certain Gersen…

Le prétendu Gersen a été créé par les bénédictins du dix-septième siècle, et accueilli par Rome en haine de Gerson. M. Gregory a dépensé beaucoup d’esprit à lui donner un souffle d’existence. Il avance l’ingénieuse hypothèse que l’Imitation, dans sa première ébauche, a dû être un programme d’école ; je crois qu’elle serait plutôt sortie d’un manuel monastique. M. Daunou a montré jusqu’à l’évidence la faiblesse du système de M. Gregory (Journal des savants, déc. 1826, octob. et nov. 1827). L’unique pièce sur laquelle il s’appuie, le ms. d’Arona, est du quinzième siècle et non du treizième, au jugement de deux excellents paléographes, M. Daunon et M. Hase.