Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
33
CHARLES VII. — HENRI VI

Charles VII. Les États assemblés en 1428 avaient voté de l’argent, sommé les tenants-fiefs de leur service féodal. Il n’était venu ni hommes ni argent. Le receveur général n’avait pas quatre écus en caisse[1]. Quand Dunois envoya La Hire pour demander du secours, le roi, qui le fit dîner avec lui, n’eut, dit-on, à lui donner qu’un poulet et une queue de mouton. Quoi qu’il en soit de cette historiette, la situation désespérée de Charles VII est prouvée par l’offre exorbitante qu’il avait faite aux Écossais, de leur céder le Berri pour prix d’un nouveau secours.

Nous ne connaissons pas bien les intrigues qui divisaient cette petite cour. Dans cette extrême détresse, les divisions y avaient naturellement augmenté. Les vieux conseillers armagnacs, éloignés quelque temps par Richemont et par la belle-mère du roi, devaient reprendre crédit. Ce parti méridional aurait consenti volontiers à avoir un roi du Midi, siégeant à Grenoble[2]. Au contraire, la belle-mère du roi, duchesse d’Anjou, ne pouvait conserver l’Anjou si les Anglais passaient définitivement la Loire. Elle était unie en cela avec la maison d’Orléans. Mais la maison d’Anjou avait tant d’autres intérêts, si variés, si divers, qu’elle croyait devoir ménager toujours les Anglais, négocier toujours. Lorsque la défense d’Orléans parut désespérée (mai 1429), le vieux cardinal de Bar se hâta de traiter

  1. App. 15.
  2. Thomassin assure que le conseil avait décidé le roi à se retirer en Dauphiné. Il ne faut pas oublier que Thomassin est un Dauphinois, conseiller du dauphin Louis XI.