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PROCÈS ET MORT DE LA PUCELLE

Il n’y avait d’espoir qu’en Winchester. Ce prêtre régnait en Angleterre. Son neveu, le protecteur Glocester, chef du parti de la noblesse, s’était perdu à force d’imprudences et de folies. D’année en année, son influence avait diminué dans le conseil ; Winchester y dominait et réduisait à rien le protecteur, jusqu’à rogner le salaire du protectorat d’année en année[1] ; c’était le tuer, dans un pays où chaque homme est coté strictement au taux de son traitement. Winchester, au contraire, était le plus riche des princes anglais, et l’un des grands bénéficiers du monde. La puissance suivit l’argent, comme il arrive. Le cardinal et les riches évêques de Cantorbéry, d’York, de Londres, d’Ély, de Bath, constituaient le conseil ; s’ils y laissaient siéger des laïques, c’était à condition qu’ils ne diraient mot, et aux séances importantes on ne les appelait même pas. Le gouvernement anglais, comme on pouvait le prévoir dès l’avènement des Lancastre, était devenu tout épiscopal. Il y paraît aux actes de ce temps. En 1429, le chancelier ouvre le Parlement par une sortie terrible contre l’hérésie ; le conseil dresse des articles contre les nobles qu’il accuse de brigandage, contre les armées de serviteurs dont ils s’entouraient, etc.[2].

Pour porter au plus haut point la puissance du cardinal, il fallait que Bedford fût aussi bas en France que l’était Glocester en Angleterre, qu’il en fut réduit à appeler Winchester, et que celui-ci, à la tête d’une

  1. Turner.
  2. App. 36.